Article mis en ligne le 24 janvier 2012
Le paysage de la gestion des données personnelles est en train de changer radicalement sans que les organismes qui collectent habituellement ces données en aient forcément conscience. C’est la thèse défendue par le cabinet britannique Ctrl SHIFT dans un rapport diffusé en novembre 2011 et intitulé The new personal data landscape.
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Les grandes organisations perdent actuellement le monopole, qu’elles détiennent depuis 50 ans, de la collecte et de l’utilisation des données personnelles. Les particuliers tendent en effet de plus en plus à gérer eux-mêmes leurs informations et, le cas échéant, à en partager une partie avec certains fournisseurs.
Le cabinet britannique Ctrl SHIFT en est persuadé : nous sommes confrontés aux prémices d’une véritable révolution d’autant plus déstabilisante qu’elle demeure largement à ce jour en « dehors du radar » des entreprises traditionnelles. Cette évolution est favorisée par la conjonction de différents facteurs au nombre desquels figurent le progrès des technologies, le cadre réglementaire de la protection de la vie privée ou encore les initiatives gouvernementales britanniques et américaines en faveur de la libération des données.
Au lieu d’être disséminées entre des dizaines d’entreprises, les données personnelles relatives à une personne tendent désormais à être centralisées sous le contrôle de l’individu en question. Pour la première fois il devient possible de disposer d’une vue complète à propos d’une personne, ce qui ouvre de nouvelles perspectives marketing. Des promesses susceptibles de contrebalancer les menaces que représente pour les entreprises le passage d’une logique d’accumulation à une logique de partage des données personnelles
PIMS : l’émergence d’un nouveau marché
Pour le cabinet Ctrl SHIFT, cette situation favorise l’émergence d’un nouveau marché de services de gestion des données personnelles (ou PIMS pour Personal Information Management Services). Il ne s’agit pas uniquement d’un marché d’outils ou de services de protection des données personnelles (PETs ou Privacy Enhancing Technologies) mais aussi de dispositifs permettant aux individus de devenir de véritable gestionnaire de leurs données, en y intégrant une forte dimension aide à la décision. L’idée n’est pas de verrouiller l’accès aux données mais de confier aux particuliers les clés du dispositif de partage des informations qui les concernent. Ce mouvement de fond contribue ainsi à l’essor des personal data stores ou personal data vault que l’on peut naturellement traduire en retenant le vocable de coffre-fort numérique.
Sur le plan économique, ce nouveau paysage doit aussi contribuer à la réduction des coûts engendrés actuellement par la mauvaise qualité des données qu’il s’agisse des moyens mis en œuvre par les entreprises pour actualiser les informations ou des actions qu’elles mènent à perte en utilisant des données inexactes. L’utilisateur gestionnaire et divulgateur de ses données est sensé être le mieux placé pour procéder à des actualisations régulières et pertinentes.
Ce nouveau paysage des données personnelles qui permettrait d’assurer à la fois le développement économique et une meilleure protection des données est cependant peut-être trop beau pour être vrai. Un minimum de prudence reste de mise, car bien des bouleversements évoqués dans l’étude étaient déjà annoncés comme imminents dans la littérature web du début des années 2000. Nouvelle illusion ou réelle explosion ? Réponse dans les toutes prochaines années.
Arnaud Belleil
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