Que se passerait-il si une personne procédait à l’enregistrement numérique exhaustif de tous les fragments de sa vie quotidienne (photos, courriers, billets d’avion, mail, etc.) et disposait également des moyens d’accéder à cette masse d’information ? Tel est le contexte du projet MyLifebits mené depuis plusieurs années par Gordon Bell, chercheur chez Microsoft. On quitte ici le registre classique de l’ordinateur qui remplace la boîte en carton ou s’entasse la paperasse et les photos de famille pour s’aventurer vers le concept d’une mémoire de remplacement plus efficace que le cerveau humain, et potentiellement éternelle.
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Markess International a rendu public, début octobre 2007, sa nouvelle étude intitulée « Archivage et Conservation de contenus électroniques ». On découvre ainsi que 35% des entreprises disposent d’une politique en la matière et que 48% prévoient de s’en doter d’ici 2009. Dans les 2/3 des cas priorité est donnée aux solutions implantées en interne. Parmi les facteurs qui motivent les entreprises pour se lancer dans ce chantier figure en bonne place …. le risque lié à la non mise en place d’un système d’archivage. L’accès facilité aux contenus constituerait également un objectif prioritaire alors que la productivité et la réduction des coûts seraient des facteurs secondaires. On s’étonnera ici de cette présentation dans la mesure où l’accès facilité aux contenus permet a priori d’augmenter la productivité, donc de réduire les coûts. Autre enseignement de l’étude, les entreprises interrogées sont conscientes que la mise en place des systèmes d’archivage électronique entraînera la création de postes.
On connaît bien désormais les tiers de confiance dont la mission est de restituer les preuves numériques dont une organisation peut avoir besoin lors de contrôles ou à l’occasion de contentieux. Il faut désormais compter également avec les services Internet de fabrication de fausses preuves. Avec « des preuves telles que facture de restaurant, invitation, note d’hôtel, convocation à une conférence, support de cours, badges », des particuliers peuvent, moyennant finance, se constituer un alibi en béton.
Michel Alberganti, journaliste au Monde, se félicite sur son blog Small Brother de la prise de position de GS1, organisation de normalisation des protocoles utilisés dans la logistique, à propos des puces RFID. GS1 s’est en effet officiellement prononcée en faveur de la désactivation automatique des RFID lors du passage en caisse. Il n’est pas inutile de préciser que GS1 est co-présidé par Philippe Lemoine Commissaire à la CNIL et auteur dès 2003 d’une communication sur les risques que les puces RFID font peser sur la vie privée.
130 années de l’histoire sonore des Etats-Unis semblaient condamnées à la disparition car il était devenu impossible de lire les premiers supports d’enregistrement pour gramophones. Le désastre a été évité grâce à la mise en œuvre d’une technologie de balayage optique permettant une numérisation des archives sonores. Avec 40 minutes de balayage optique pour une seconde d’enregistrement, la mise au point initiale fut laborieuse mais il s’agissait d’abord de valider la faisabilité de la solution. Désormais avec 4 secondes de balayage pour une seconde d’enregistrement les cadences pour les opérations de migration deviennent raisonnables. A noter que l’image numérique ainsi constituée donne un son plus clair que l’original ; plus originale que l’original en quelque sorte.
Dans les recommandations de la CNIL relatives à la mesure de la diversité, datée du 16 mai 2007, c’est juste un passage sans aborder le cœur du sujet retient cependant l’attention : « les fichiers de données individuelles constitués pour la réalisation de l’étude (échantillons, réponses) seront effacés à l’issue de l’enquête ou archivés dans des conditions préservant leur confidentialité ». On lit bien effacés ou archivés et pas archivés puis effacés. Et puis en fouillant un peu, on retrouve la délibération de la CNIL du 8 décembre 2005 relative à l’autorisation unique pour les dispositifs d’alertes professionnelles (whistleblowing). Là encore quelques passages de l’article 6 retiennent l’attention : « Les données relatives à une alerte ayant fait l’objet d’une vérification sont détruites ou archivée ». Pas de doute, c’est toujours détruites ou archivées et non archivées puis détruites. Par petites touches successives, on se demande si la CNIL n’en vient pas à considérer qu’en matière de droit à l’oubli l’archivage est plutôt un début de solution qu’un des aspects problème. Avant de se précipiter vers une conclusion prématurée, il faut tout de même rappeler que, pour la CNIL, les données faisant l’objet de mesures d’archivage doivent être conservées dans le cadre d’un système d’information distinct à accès restreint. De plus, le responsable d’un traitement de données à caractère personnel reste engagé par la durée de conservation des données qui figure dans sa déclaration.
Des chercheurs en informatique de l’Université de Berkeley en Californie élaborent un nouveau type de caméra de vidéosurveillance. Elles ont vocation à être respectueuses de la vie privée. Le principe consiste à dissimuler le visage des personnes qui apparaissent dans le champ de la caméra avec un cercle blanc. Ce cercle peut être supprimé dans les cas où une enquête rendrait l’identification de la personne nécessaire. Les caméras de surveillance sont là pour longtemps et il n’y a aucun moyen d’y échapper explique Ken Goldberg, un des acteurs du projet de recherche. La bonne solution consiste à les rendre moins intrusives estime-t-il.
L’audit de modernisation relatif à l’archivage dans le secteur public daté du 31 janvier 2007 est accessible. Pour ceux qui n’auraient pas le temps de se lancer dans le dépouillement des 116 pages du texte intégral, une synthèse portant sur les constats et les propositions est également en ligne. Parmi les recommandations figure celle relative au développement de plates-formes d’archivage électronique juridiquement sécurisées. L’un des impacts attendu est la transformation de l’information archivée en ressource documentaire stratégique.
Aux Etats-Unis, le Sénat, à majorité démocrate, demande la copie de courriers électroniques à la Maison-Blanche, républicaine, et cette dernière n’arrive pas à remettre la main dessus. A la lecture de l’article du Monde, chacun pourra retenir sa propre interprétation : 1) l’archivage des e-mails c’est compliqué et même les plus grands organismes peuvent commettre des erreurs. 2) L’archivage des e-mails est une pratique rodée et le problème n’est pas de retrouver les e-mails mais de vouloir les communiquer 3) Quand un système est connu des utilisateurs pour garantir une bonne traçabilité, ils peuvent être tentés d’utiliser, pour certains échanges sensibles, un autre canal plus volatil.
Dès cette année des tests devraient être effectués dans 5 départements normands pour un nouveau service de télé-déclaration fiscale. Les contribuables qui estimeront que la déclaration pré-remplie est parfaitement conforme pourront la valider avec un simple coup de téléphone. Le service est destiné aux personnes ayant des revenus simples ou qui ne sont pas connectés à Internet, notamment les personnes âgées. L’indentification s’effectuera par la saisie du numéro personnel de télé-déclarant qui figure sur la déclaration pré-remplie. La validation délivrée au serveur vocal équivaudra à une signature. Avec ce nouveau service, l’e-administration démontre qu’elle a la capacité à renverser le mode de fonctionnement traditionnel du secteur public. Ici, ce sont les services administratifs qui produisent l’essentiel des efforts liés à la formalité et le citoyen qui se contente de vérifier et de valider. On remarquera également que la formule retenue pour l’identification et la signature semble très ergonomique mais qu’elle s’éloigne résolument des pratiques fondées sur l’usage du certificat et de la signature électronique.